Évoquer « l’épreuve » du changement climatique, c’est faire état d’une ambivalence car si en première intention l’épreuve semble connotée négativement en tant qu’annonciatrice de malheur et difficultés, elle traduit aussi l’idée d’une opportunité de développement en termes d’innovation et de solidarité.
La mise en exergue d’une « urgence climatique » apparait, elle aussi, complexe : injonction à l’action politique, elle pose en même temps la question de l’appropriation par la société de l’évolution d’un problème de bien commun, objet hybride et diffus, historiquement formulé en termes scientifiques.
Penser le changement climatique en termes de temporalités
L’objectif consistant à ne pas dépasser les 2°C de hausse de température à l’horizon 2100 créé une perméabilité entre le présent et l’avenir : c’est en effet un objectif lointain qui est appelé à déterminer l’action politique des sociétés à court et moyen terme. La question de l’opérabilité d’un objectif lointain suppose un travail de concrétisation ici et maintenant.
Parce qu’elle nous invite à nous projeter vers le futur, l’épreuve du changement climatique constitue l’occasion d’une nouvelle forme d’utopie. Or, celle-ci peut s’envisager à différentes échelles de temps : soit celle de l’humanité, soit celle du globe. Si l’on se place à l’échelle de l’humanité, c’est alors le présent qui devient la norme et l’objectif pour le futur est de maintenir le « climat de toujours ». Cette situation donne naissance à une forme d’utopie que l’on peut qualifiée de rétrograde ou d’inversée. Si l’on se place à l’échelle du globe, le présent ne prime plus et la question d’un idéal à atteindre se voit remplacée par celle de la nécessaire adaptation.
https://universit2015.wordpress.com/2015/07/09/synthese-de-luniversite/